LES VIOLENCES SEXISTES ET SEXUELLES EN FRANCE EN 2024
24/11/2025
Toutes les 23 secondes, une femme est victime de harcèlement, d’exhibition sexuelle
ou d’envoi d’images à caractère sexuel. Toutes les deux minutes, une femme subit un
viol ou une tentative de viol. Ces chiffres, publiés cette semaine à l’occasion de la
Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, ne sont pas
abstraits : ce sont des vies brisées, des familles traumatisées, des enfants marqués dans
leur chair.
Parmi les victimes enregistrées par les forces de l’ordre, 91 % des majeures sont des
femmes et 54 % sont mineures. Le nombre de féminicides reste dramatique : 107
femmes tuées en 2023 et 94 enfants devenus orphelins, ce sont 107 échecs collectifs
et 94 appels à agir pour que jamais plus la peur et la violence ne règnent dans nos
foyers et dans notre société.
Ces données sont un instrument pour l’action publique. Elles éclairent nos politiques publiques, permettent
de mesurer l’efficacité des dispositifs existants et d’orienter nos actions pour mieux protéger et accompagner
les victimes. Elles rappellent surtout que chaque mesure, chaque action judiciaire, chaque soutien médico-
social a un impact concret sur la vie des femmes et de leurs enfants.
Depuis 2017, l’égalité entre les femmes et les hommes est la Grande cause des deux quinquennats du Président
de la République. Huit ans de travail ont permis des avancées concrètes : prévention, formation massive des
professionnels, meilleure caractérisation des délits dans le droit, accompagnement renforcé des victimes et
de leurs enfants. Des dispositifs comme l’aide universelle d’urgence, le Pack Nouveau Départ, le dépôt de
plainte à l’hôpital, le téléphone grave danger ou le bracelet anti-rapprochement sauvent des vies, redonnent
de la dignité.
Ces huit années d’action prouvent que les progrès sont possibles.
Mais nous le savons, les violences évoluent sans cesse, se diversifient et s’immiscent dans tous les espaces, tous
les milieux, tous les secteurs. Pour les combattre, nos lois, nos dispositifs et nos moyens doivent progresser plus
vite qu’elles. Nous le faisons. La loi du 6 novembre 2025 modifie la définition pénale du viol et clarifie le
principe fondamental du consentement : libre, éclairé, spécifique, préalable et révocable. Silence, sidération
ou peur ne signifient jamais consentement. Nous avançons également sur la reconnaissance du contrôle
coercitif et l’allongement des délais de prescription pour les crimes sexuels, notamment sur les enfants.
Lutter contre les violences c’est aussi lutter contre la culture du viol. Aujourd’hui encore, un Français sur cinq
et près d’un tiers des 18-24 ans considèrent que « les femmes peuvent prendre du plaisir à être forcées ». Ce
n’est pas une opinion : c’est le symptôme d’un système qui confond violence et désir, domination et sexualité.
Mettre fin à cette culture, c’est éduquer au respect, valoriser liberté et responsabilité et répéter avec force : la
honte n’est jamais du côté des victimes mais du côté de ceux qui violent, de ceux qui agressent, de ceux qui
détournent le regard.
Et ce combat n’est pas celui d’un ministère seul : il mobilise l’ensemble du Gouvernement et concerne toutes
les forces de la société — associations, entreprises, citoyens, élus locaux et nationaux.
Ensemble, notre devoir est clair : éradiquer les violences, protéger les victimes, sanctionner les auteurs et
changer durablement les mentalités.
Le temps de l’action collective n’est pas un horizon lointain. Il est déjà là. Pour que plus jamais une femme ne
se demande si c’est elle le problème, pour que plus jamais un enfant ne grandisse dans la peur, et pour que
plus jamais notre société banalise l’inacceptable.
Parce qu’il n’y aura jamais de véritable égalité sans sécurité, justice et liberté pour toutes.
Ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les
Aurore Bergé
discriminations
3La Lettre annuelle de l’Observatoire national des violences faites aux
femmes, piloté par la Miprof, a pour mission de rendre visibles toutes les
violences sexistes et sexuelles subies, sur une année, par les femmes et les
enfants avec l’objectif de donner aux pouvoirs publics et à la société civile
une vision aussi précise que possible de l’ampleur des violences de genre et
de leur évolution.
Les données recueillies pour cette Lettre émanent des services statistiques
de l’État, d’associations spécialisées, des ministères qui mettent en œuvre
la prise en charge et la protection des victimes. Elles posent, comme tous les ans, un constat sans appel.
En 2024, les filles et les femmes demeuraient les cibles principales - pour ne pas dire quasi-exclusives - des
violences sexistes et sexuelles et ceci, à tout âge et dans toutes les sphères de leur vie personnelle et sociale.
Ces violences changent de visage et de modes opératoires selon les tranches d’âge mais elles forment un
continuum qui assujettit les filles puis les femmes.
Au-delà de dénombrer les victimes et les agresseurs, de décrire la typologie des violences subies et leur
contexte, la Lettre a l’ambition de tirer le fil qui lie chaque violence sexiste et sexuelle aux autres pour mettre
en évidence qu’entre du harcèlement sexuel et un suicide forcé, un outrage sexiste et sexuel et un viol, des
cyberviolences au sein du couple et un féminicide direct, ce sont des ressorts comparables et convergents qui
sont à l’œuvre. Ce sont ces mêmes ressorts, de rapports systémiques inégalitaires et d’exploitation des
vulnérabilités, qui sous-tendent également les phénomènes d’exploitation sexuelle et de traite des êtres
humains que la Miprof illustre par ailleurs dans d’autres publications.
Plutôt que d’envisager individuellement et sous le seul prisme de la gravité pénale ces infractions, il faut
prendre conscience que les violences sexistes et sexuelles sont multiples et cumulatives et qu’à force de
graduer et banaliser certaines violences, nous « autorisons » implicitement les autres.
Toutes procèdent, sans exception, d’un système structurel de domination basé sur le genre dont les femmes
de tous âges et avec elles, toutes les personnes qui appartiennent à une minorité de genre, sont les principales
victimes. Dans une société où toutes les 23 secondes, une femme subit du harcèlement sexuel, de l’exhibition
sexuelle ou l’envoi non sollicité de contenus à caractère sexuel, et où toute les 2 minutes, une femme est
victime de viol, de tentative de viol ou d’agression sexuelle, comment s’étonner que plus de trois femmes par
jour soient tuées (ou qu’on tente de les tuer), ou poussées au suicide par leur (ex-)partenaire en France ?
Les violences n’épargnent pas non plus les enfants qui représentent plus de la moitié des victimes de violences
sexuelles enregistrées par les forces de sécurité en 2024 et plus d’une victime sur deux accueillie en unités
médico-judiciaires (dont 614 enfants de 0 à 2 ans agressés sexuellement).
Et quand les enfants ne sont pas la cible directe des violences sexuelles, le seul fait d’être exposé·e à la violence
au sein du couple impacte durablement leur santé physique et psychologique ainsi que leur développement.
376 000 femmes déclarent avoir vécu des violences au sein du couple en 2023 et 228 000 femmes victimes
ont été enregistrées par la police ou la gendarmerie en 2024. Ce sont donc des dizaines de milliers d’enfants
qui vivent dans la terreur et grandissent avec pour « modèle » l’exercice de la violence sur leur mère.
Sans prise en charge efficace et la plus précoce possible en psychotraumatologie, il y a un risque réel de
perpétuation de la violence que Muriel Salmona appelle « la fabrique des agresseurs ».
C’est précisément pour rompre ce cycle infernal que la formation doit sans cesse être renforcée et répétée
pour toutes et tous les professionnel·le·s de première ligne. Le repérage et le signalement des violences doivent
devenir un réflexe, la Miprof portant le vœu d’en faire une obligation légale dans toutes les pratiques
professionnelles au contact d’enfants et d’adolescent·e·s. Nous sommes toutes et tous comptables de cette
culture de la protection et de la prévention que les outils de la Miprof contribuent à démocratiser.
Roxana Maracineanu
Secrétaire générale de la Miprof
4SOURCES ET AVERTISSEMENTS
Les données présentées dans cette publication sont issues notamment de :
• L’enquête « Vécu et Ressenti en matière de Sécurité » (SSMSI) – 2024 ;
• La base statistique des victimes des crimes et délits enregistrés par les services de police et de gendarmerie
nationales (SSMSI) – 2024 ;
• L’étude nationale sur les morts violentes au sein du couple (DAV) – 2024 ;
• Les statistiques pénales et civiles du ministère de la Justice (SSER) – 2024 ;
• La plateforme de suivi de l’activité des structures de médecine légale MedLé, de la Direction générale de l’offre
de soins (DGOS) – 2024 ;
• L’enquête sur le parc dédié aux femmes victimes de violences, de la Délégation interministérielle à
l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal) – 2024 ;
• Le rapport annuel de la ligne d’écoute « 3919 – Violences Femmes Info » – 2024 ;
• Le rapport d’activité de la ligne d’écoute Viols Femmes Informations – 0 800 05 95 95 du Collectif féministe
contre le viol (CFCV) – 2024 ;
• L’étude annuelle du Service national d’accueil téléphonique de l’enfance en danger (119) – 2024 ;
• Le rapport d’activité « Urgence 114 » – 2024 ;
• La Grande Enquête sur les cyberviolences sexistes et sexuelles 2025 des associations Féministes contre le
cyberharcèlement, Point de Contact et #StopFisha.
AVERTISSEMENT
La présente Lettre contient des références aux violences sexistes et sexuelles. Sa lecture peut susciter un inconfort
ou raviver des traumatismes chez certain·e·s lecteur·rice·s. Si vous ressentez le besoin d’être aidé·e ou souhaitez être
accompagné·e, nous vous vous invitons à consulter les contacts et ressources utiles sur le site
www.arretonslesviolences.gouv.fr
NOTE SUR L’ÉCRITURE
Cette Lettre a été élaborée selon une pratique d’écriture qui s’attache à accorder une égale visibilité aux désignations
féminines et aux désignations masculines.
L’attention des lecteur·rice·s est toutefois appelée sur le caractère systémique des violences sexistes et sexuelles : ces
violences de genre affectent les femmes de manière disproportionnée par rapport aux hommes, et sont perpétrées
par des hommes dans la quasi-totalité des situations.
En raison des arrondis, la somme des pourcentages peut ne pas être égale à 100 %.
Demande de contact prise en compte.